Pour mon voyage en Inde, je souhaitais retrouver le goût du voyage véritable, authentique. Revenir à des choses simples. Voyager de façon locale, au contact des gens. Pressé de partir au plus vite sur les routes à bord d’une Ambassador.
Objectif du voyage : pas de but précis, simplement faire de la photo. J’avoue que pour cela, j’avais quand même planifié un peu mon itinéraire et réserver au préalable mon hébergement dans chacune des villes étapes. Aventurier, certes, mais je ne suis pas friand des mauvaises surprises. J’aime quand même mon petit confort !
Alors, pour visiter le Rajasthan, il existe plusieurs possibilités. Le bus ou le train, mais c’est très long et linéaire !
Moi, j’ai décidé de faire un road-trip en choisissant la location d’une voiture avec chauffeur. Cela m’a permis d’avoir plus de liberté dans mes déplacements, mes visites, mes horaires. J’ai pu voyager et apprécier le séjour à mon rythme. La seule contrainte étant de bien arriver à l’hôtel avant la tombée de la nuit.
Itinéraire : DELHI – MANDAWA – BIKANER – JAISALMER – JODHPUR – RANAKPUR – UDAIPUR – BUNDI – JAIPUR – AGRA
Choisir son chauffeur
1er conseil : bien choisir son chauffeur. Très important.
Sur les routes du Rajasthan, les distances ne doivent pas être calculées en kilomètres, mais plutôt en heure. Il n’est pas rare de voir traverser des vaches par troupeaux entiers. Elles sont partout sur les routes, c’est assez dangereux. Donc, l’idée c’est de prendre quand même un bon chauffeur, parce qu’on va passer du temps avec lui.
- D’abord, il faut qu’il ait une belle moustache… Parce qu’un indien sans moustache, c’est une indienne.
- Ensuite, il doit avoir des yeux persans, ces petits yeux qui voient loin et qui sont très attentifs sur la route.
- Aussi, il doit avoir un bel aspect, propre sur lui.
- Dernière chose, « good speaking ». Il faut qu’il parle quand même bien l’anglais… avec un peu de français si possible.
Choisir son véhicule
Une ambassador
2ème conseil. Après avoir trouvé le bon driver, il faut la bonne voiture, une Ambassador. La voiture mythique de l’Inde, un pur vestige des années 50, une vieille anglaise « so british ». Au fil des années, l’Ambassador est devenue le taxi officiel et symbole national. Elle est en Inde ce qu’est la Mini en Angleterre ou la 2cv en France.
J’ai adoré ma petite Ambassador Classic, un modèle bien entretenu de 1994. C’est une voiture confortable, très costaud, équipée de la climatisation et des vitres électriques. Elle commence à se faire rare. Et franchement, elle a un super look. Elle ne passe pas inaperçue. Très souvent, lors de mes pauses du midi dans les restaurants routiers, elle était prise d’assaut par les touristes étrangers qui souhaitaient la prendre en photo.
Après quelques recherches sur internet, j’ai choisi d’effectuer mon voyage avec Raj. Sur les conditions de circulation en Inde, celui-ci m’a rassuré ; il me disait souvent :
" Un bon chauffeur doit avoir 4 choses : de bons yeux, d’excellents reflexes, un bon klaxon … et surtout beaucoup de chances ! "
C’est sûr, l’Ambassador, ce n’est pas une Ferrari. Sa vitesse de pointe est à 80 km/h – un peu plus dans les descentes – . Mais ce n’est pas grave, puisque la vitesse maxi autorisée en Inde est de 90 km/h. Donc la Ferrari n’aurait pas servi à grand-chose. Moi, c’est l’Ambassador avec RAJ… qui ne regarde pas la route ! Il me salut sans cesse lorsque je filme la route.
Apprécier la route
La route indienne
Nous roulons en vitesse de pointe à 80 km/h, ce qui peut paraître lent. Mais en Inde, sur des routes délicates, au volant d’une Ambassador, cela n’a rien d’une sinécure. Je peux vous assurer qu’au début, j’ai pas mal serré les fesses lors des déplacements …. Après on s’habitue ! La route indienne, c’est un exercice très particulier ou plutôt un jeu dangereux. C’est un univers à part entière. Outre les trous erratiques, les changements de revêtement, le sable et les chauffards, la voiture partage souvent le bitume avec des véhicules atypiques : des bicyclettes, des chiens errants, des singes bondissants, des troupeaux de chèvres imprévisibles, des dromadaires occasionnels, des charrettes de boeufs croulant sous un chargement de fruits ou de légumes, des piétons, des camions bariolés, entre autres choses. Avec les vaches, souvent aussi apathiques que sacrées, il convient toujours de les passer par l’arrière. Quant aux moutons, ils forment des blocs compacts, qu’il faut parfois fendre pour ne pas être bloqué de manière indéterminée.
Résultat : un trajet apparemment anodin peut devenir une expérience mémorable. Pas le temps de s’ennuyer au volant. Ici, pas de code de la route, pas de règles, si ce n’est klaxonner … encore et toujours pour survivre !
Une litanie de saynètes cocasses
A vrai dire, un road-trip de 2800 kms à travers le Rajasthan présente de longs passages monotones, qui succèdent à des secteurs humanisés. Une litanie de saynètes cocasses, émouvantes ou simplement surprenantes, jalonne les bas-côtés :
- enfants jouant dans une épave de camion calcinée,
- va-et-vient ondoyant des femmes autour des puits, la cruche en équilibre sur la tête,
- se rendant à l’école, des enfants agglutinés dans une remorque de tracteur,
- des voyageurs qui s’accrochent tant bien que mal sur le toit d’un bus bondé,
- des vieillards enturbannés aux bacchantes de corsaire, accroupis au bord de la route et fumant le shilom
- …
Les pauses tchaï (thé épicé au lait) rythment notre progression, toutes les heures et demie environ. Pendant que Raj se repose, et que l’Ambassador refroidit, je scrute les environs à la recherche d’un sujet à photographier.