En route pour Mandawa, la perle du Shekhawati, où subsistent d’opulentes maisons de maîtres : les havelis, dont les peintures extérieures ont fait la célébrité de la région. A l’âge d’or des routes commerciales rajasthanies, ces splendides demeures seigneuriales appartenaient à de riches marchands marwaris. Si aujourd’hui, certaines finissent de tomber en ruine, d’autres connaissent au contraire un revival spectaculaire, aux mains d’hôteliers avisés ou d’artistes engagés. Car le succès touristique a parfois du bon. Plusieurs de ces anciennes demeures ont été aménagées en chambre d’hôtes. C’est l’occasion de passer la nuit entouré de la ronde des dieux hindoux peints sur les murs.
En route pour Mandawa
Depuis Delhi, 300 kms plus à l’est, le voyage a été très long. Il a d’abord fallu s’extirper sans encombre de la conurbation nauséeuse de la capitale fédérale, toile géante aux mille ramifications saturées d’un trafic titanesque. Et puis, malgré le confort de la voiture, une magnifique Ambassador dans son jus, cela secouait pas mal. Gare aux nids de poule qui sont la norme dans l’Inde rurale ! La région du Shekhawati se révèle une nébuleuse complexe, avec moult routes en travaux, chemins de traverse et passages scabreux. (Les pavés du Paris-Roubaix sont bien plus praticables, en comparaison).
Mandawa – ville cosmopolite
La rue principale de la ville est très animée, probablement comme au temps des caravanes. Profitant d’une fin de journée tranquille, je déambule dans le bazar. Les échoppes déploient le meilleur de l’artisanat local : babouches en cuir et sachets d’épices. Aux côtés de quelques touristes, les habitants vaquent à leurs occupations, entre les étals de fruits et légumes, et leurs ateliers. Comme au temps du grand commerce, l’ambiance y est cosmopolite.
A la recherche de quelques bons clichés, je me suis également engagé dans les quelques ruelles qui partent du bazar central. Là, les voitures se font plus rares et la promenade, plus paisible. Habitués aux touristes, les habitants se font un plaisir de vous ouvrir leur porte. En l’occurrence un petit passage par l’un des vantaux monumentaux de bois ouvragé réhaussé de ferronnerie qui gardent l’accès à la cour centrale. Et si la confiance s’établit, il nous est permis de grimper aux étages supérieurs, jusqu’aux pièces ornées des peintures les plus précieuses.
Havelis et les peintures murales
Une steppe aride et inhospitalière, des dunes de sable qui s’avancent jusqu’au coeur de la ville, une chaleur écrasante : la région entourant Mandawa n’a rien d’un eden. Et pourtant, cette micro-région du nord-ouest du Rajasthan recèle de trésors : des havelis, ces maisons de maître sur lesquelles de volubiles décorations murales débordent jusque sur les murs extérieurs. Les représentations traditionnelles de divinités côtoient des scènes empruntées à la mythologie hindoue et des cortèges d’éléphants.
Pourquoi de telles demeures dans cette région désertique ?
Au XVème siècle, ce pays n’est pas vraiment prospère, mais il est traversé par les caravanes qui assurent le grand commerce entre l’Orient et l’Occident. Les plus expéditifs des rajas, les seigneurs locaux, vivent de pillages. D’autres, plus entreprenants, attirent près d’eux les marchands, qui fondent de prospères maisons de commerce et des banques.
Au début du XIXème siècle, les caravanes ont disparu. Les marchands du Shekhawati vont alors quitter ces demeures pour s’établir à Bombay (actuellement Mumbay), Madras ou Calcutta – les grands centres économiques créés par le colonisateur britannique -. Et c’est ainsi qu’un patrimoine unique fût longtemps laissé à l’abandon.
Il n’est jamais trop tard pour restaurer
Les précieuses peintures disparaissaient sous des constructions précaires appuyées sur les murs, quand elles n’étaient pas recouvertes d’affiches ou de graffitis. Le développement du tourisme, ces 30 dernières années, a changé la donne. Les habitants se sont rendus compte des trésors qu’ils avaient sous les yeux. Et depuis, les initiatives se sont multipliées pour sauvegarder peintures et édifices. Préservation et restauration sont désormais à l’ordre du jour.
Les riches Marwaris établis ailleurs -dans le pays- depuis des générations s’intéressent à leur tour à leur patrimoine familial, et leurs moyens colossaux sont mis à contribution pour réhabiliter la demeure de leurs aïeux.
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