Photo – Eviter le flou de bougé – #0156

Comment éviter le flou de bougé, sans être un champion d’apnée ? « Ma photo est floue ! Cet appareil est vraiment nul ! » Vraiment ? Ou n’avez-vous jamais pesté contre vous-même en constatant que vous aviez bougé au moment de prendre une photo et que celle-ci était floue ? Moi-même, j’en suis parfois victime. Heureusement, il existe des solutions simples pour remédier au problème. Passons-les en revue, mais surtout essayons de comprendre le flou de bougé pour mieux nous en protéger.

A l’époque de l’argentique, pour éviter le flou de bougé et pour faire simple, on s’appuyait sur une règle empirique : la vitesse minimum recommandée (exprimée en fraction de seconde) devait être égale à la distance focale de l’objectif utilisée. Ainsi, avec un 50mm on pouvait photographier au 1/50 s et avec un 200mm au 1/200 s.

A l’ère numérique, est-ce toujours le cas ?

En théorie, OUI.

Cependant, nos yeux se sont habitués au 1080p Full HD, à la résolution 4K – bientôt 8K – de nos téléviseurs. Nos critères de qualité ont évolué. Certaines diapositives que nous trouvions nettes autrefois seraient aujourd’hui jugées floues si on les comparait aux résultats obtenus en numérique. L’exigence en matière de netteté s’est accrue de façon incroyable, et cette tendance n’est pas près de changer. La définition des capteurs n’ayant de cesse d’augmenter.

 

Sommes-nous tous égaux face au flou de bougé ?

Quand on est debout, nos muscles maintiennent un équilibre permanent qui donne l’illusion que notre corps est immobile. Il n’en est rien. Qu’on le veuille ou non, nous bougeons. Tous les photographes partent donc avec un handicap quand il s’agit d’assurer la stabilité de son appareil. Et si les photos paraissent nettes, c’est parce que le temps de pose court gomme l’effet du tangage.

On peut décomposer les mouvements du photographe en deux groupes :

  • les microtremblements, oscillations de faible amplitude qui provoquent indéniablement un bougé, mais ne perturbent pas la visée (le sujet bouge peu dans le viseur).
  • les mouvements importants, balancements relativement lents qui, de ce fait, entraînent moins de bougé sur les images, mais compliquent le cadrage (le sujet tend à se “balader” dans le viseur).

Ces deux types de mouvements ne sont pas antagonistes, on peut être sujet à l’un ou l’autre, mais aussi à l’un et l’autre. Bref, nous ne sommes pas égaux face au flou de bougé. Par ailleurs, le photographe n’est pas toujours le seul coupable. Si on photographie depuis une voiture en mouvement ou sur un bateau, par exemples, la probabilité de bougé grimpe en flèche.

 

Le sujet bouge

Même si l’appareil est parfaitement immobile, fixé sur un trépied, le risque de flou n’est pas écarté. Il suffit que le sujet s’agite… cf. l’article Comment photographier les enfants. Le bougé du sujet et le bougé du photographe créent des flous différents. Quand l’appareil photo tremble, la totalité de l’image est floue; quand le sujet remue, seule une partie de l’image est concernée par le problème.

Solution : Diminuer le temps de pose permet d’éviter le flou provoqué par le sujet que vous photographiez.

 

Une image nette et une image flou

Rappelons une vérité difficile à entendre. Saviez-vous que toutes les photos sont floues ? En effet, un appareil photo restitue un point par une tâche et non par un autre point. En toute rigueur, la netteté n’est donc plus là. Voilà pour la théorie. En pratique, une photo est considérée nette quand la tâche est suffisamment petite pour être perçue comme un point.

 

L’influence de la focale

La focale joue sur le bougé à la façon d’une loupe. En augmentant le grandissement, un même mouvement angulaire provoque un décalage plus important sur la photo. Avec un objectif de 16mm, incliner l’appareil d’un centième de degré (un mouvement imperceptible) provoque un déplacement d’environ un demi-pixel, donc invisible en pratique. Avec un 400mm, le même angle provoque un bougé d’environ 12 pixels qu’il sera difficile de ne pas voir : l’image sera totalement floue. Au vu de ces données, on constate qu’un mouvement identique a un effet différent selon la focale… ce qui était prévisible !

Les photographes “Nature” qui utilisent de très longs télé (500mm par exemple) le savent. Il faut peu de chose pour que la photo soit floue. Et même un monopode ne suffit pas toujours à contrer le problème.

Que vaut aujourd’hui la règle empirique citée plus haut liant focale et temps de pose ? Cette règle a pris un coup de vieux avec l’arrivée du numérique mais, en prenant quelques précautions et en l’adaptant un peu, elle peut continuer à donner des indications utiles.

Avec les appareils à capteur APS-C ou 4/3, il faut prendre en compte la focale équivalente en 24 x 36 et non la focale réelle. Cette adaptation était prévisible. En fait, le changement le plus important concerne la vitesse à définir comme point de repère. La règle originale (utiliser un temps de pose au maximum égal à la focale – exemple: 1/100 s à 100 mm) est devenue trop optimiste. Aujourd’hui, en numérique, mieux vaut doubler la vitesse. Avec un 100 mm, on travaillera plutôt au 1/200 s.

 

Une stabilisation sur les objectifs

Depuis quelques années, la stabilisation a fait son apparition dans les objectifs et les appareils haut-de-gamme. Limitée au départ aux très longues focales, cette stabilisation gagne aujourd’hui les focales plus courtes.

Le principe de la stabilisation est très simple. Le système détecte les mouvements de l’utilisateur. Il peut s’agir d’un dispositif  optique – dans les objectifs -, mécanique – dans les boîtiers reflex – ou encore électronique  – directement sur l’image – pour les hybrides.

La stabilisation optique a longtemps été jugée comme la plus efficace car son effet, directement visible dans le viseur des reflex, facilitait le cadrage. Avec la généralisation des viseurs électroniques, la stabilisation du capteur garantit aussi une visée stable. Au final, les deux méthodes sont performantes, mais chacune a son domaine de prédilection. Les très longs téléobjectifs pour la stabilisation optique, les autres situations pour le déplacement du capteur.

 

Quelles solutions au flou de bougé ?

Il est possible qu’une pratique intensive du yoga améliore la netteté de vos images… mais c’est un domaine sur lequel je ne m’avancerais pas ! Toujours est-il que trouver une position stable et déclencher calmement aident à obtenir de meilleurs résultats.

 

Le trépied

Le trépied trouve son utilité dans différentes situations, son rôle étant bien entendu de stabiliser votre appareil et prévenir ainsi du flou de bougé. Lorsqu’un temps de pose long s’impose, par exemple en faible luminosité ou pour créer un effet de filé – comme celui d’une cascade ou d’un ciel étoilé -. Il est également très utile pour réaliser plusieurs clichés d’une même scène sans en modifier le cadrage, comme lorsque vous prenez une série de photos à différents moments pour réaliser un timelapse, ou à différentes expositions en vue d’obtenir des photos aux cadrages rigoureusement identiques que vous assemblerez ensuite sur un ordinateur.

Pour que la stabilisation soit réellement efficace, le choix d’un bon trépied est primordial. Il doit pouvoir supporter le poids du boîtier et de l’objectif. Sachez que s’il n’est pas toujours très lourd – il existe
aujourd’hui des modèles en carbone -, il sera toujours encombrant. On n’a rien sans rien…

 

Le monopode

Quand le matériel devient trop lourd, le monopode est l’outil indispensable pour éviter la tendinite ! Plus léger, rapide et mobile, c’est un compromis intéressant. Il n’a pas l’efficacité du trépied mais assure une assez bonne assise. Il permet d’éviter les flous de bougé dans l’axe vertical et peut s’avérer très utile dans de nombreuses situations.

Avec un monopode, on gagne en mobilité et donc en réactivité. C’est à ce titre l’accessoire indispensable du photographe de sport qui s’en servira pour stabiliser une longue focale, sujette aux flous. Enfin, le monopode est autorisé partout, contrairement au trépied (proscrit dans de nombreux lieux si on n’a pas requis et obtenu une autorisation). Si jamais une personne mal informée (ou mal intentionnée) tente d’empêcher son utilisation, il suffit de lui expliquez que la loi fait distinctement la différence entre monopode et trépied.

Ultime avantage et non des moindres : le monopode coûte moins cher qu’un trépied.

Les dispositifs de stabilisation des boîtiers et objectifs haut-de-gamme sont eux aussi intéressants. Ils permettent souvent de gagner deux vitesses, parfois plus.

 

Le sac de haricots

Les accessoires les plus utiles ne sont pas toujours les plus sophistiqués ni les plus chers… Parmi les accessoires photo les plus simples et les plus incongrus qu’il nous a été donné de voir, le sac de haricots – bean bag en anglais – bat tous les records… Il s’agit d’un coussin en tissu épais rempli de fèves, de haricots, de grains de riz ou de billes de polystyrène.

Son rôle est de servir de support improvisé pour stabiliser l’appareil photo, et cela pour n’importe quelle surface. On trouve sur le Net des modèles différents destinés à s’adapter à de nombreuses situations.
Le modèle le plus courant est dit à double jambe : on le place à cheval sur la portière d’une voiture afin de pouvoir y poser l’appareil photo et ainsi shooter sans sortir du véhicule (et donc continuer à profiter de la climatisation, ce qui n’est certes pas très écologique…).  Certains de ces modèles sont même conçus pour recevoir une rotule.

En outre, si par malheur vous vous perdez au cours d’une expédition, loin de toute source de ravitaillement, c’est bien le seul de vos accessoires photo que vous pourrez éventuellement consommer sur place…

 

Le miroir du reflex

Pour des images parfaitement nettes, la chasse aux vibrations passe aussi par le miroir de l’appareil photo reflex. – Ce chapitre ne concerne pas les hybrides qui sont dépourvus de miroir -.

Différentes pièces mécaniques se cachent au sein d’un boîtier reflex. Le seul mouvement de l’une d’elle provoque des vibrations. Principalement le mouvement du miroir, qui se relève au moment du déclenchement pour permettre au capteur, situé juste derrière, de recevoir la lumière en provenance de l’objectif. Les vibrations engendrées par ce mouvement mécanique peuvent être responsables d’un flou de de bougé, surtout en très longues focales et pour de grands capteurs.

Une parade existe. Il s’agit de la fonction “Verrouillage du miroir“, dont le principe est généralement identique sur tous les modèles qui la possède :

  • On déclenche une première fois pour que le miroir se relève.
  • On patiente quelques instants, le temps que les vibrations dues au mouvement du miroir s’estompent.
  • Enfin, on déclenche une seconde fois pour prendre la photo.

Evidemment, l’obturateur et le diaphragme, qui sont également des éléments mécaniques en mouvement, provoquent aussi des vibrations. Leur impact est cependant nettement moins important.

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