J’ai parcouru près de 2800 kms à travers le Rajasthan, en Inde. J’ai traversé des villages, arpenté les marchés, traversé des bazars et visité les plus grandes villes. Aujourd’hui, j’ai envie d’écrire un petit article combinant à la fois ce voyage qui m’a profondément marqué et mon activité de portraitiste. Je vais donc vous parler de mes rencontres avec les enfants indiens.
Un enfant naît chaque seconde en Inde
C’est à cette vitesse que l’Inde devrait bientôt coiffer la Chine au poteau du pays le plus peuplé du monde. Le cap du milliard d’habitants a été franchi peu avant les années 2000. Tous les trois ans et demi, sa population explose d’une France ! Et cette population est jeune, éperdument jeune !
Près d’un tiers de la population sont en fait des enfants indiens, ayant moins de quinze ans. L’Inde est pays d’enfances. Très petits, garçons et filles grandissent ensemble, dans une heureuse insouciance et sous le regard tendre et bienveillant de leurs parents.
Une enfance contrastée
En théorie, l’école gratuite est obligatoire jusqu’à quatorze ans. Dans les faits, un enfant sur trois n’y va pas. Faute de toit, en partie, mais également par nécessité de travailler pour vivre. L’enfance ordinaire côtoie donc celle de la rue.
Fraîchement débarbouillés, la chevelure sage, les écoliers en uniforme – pantalon blanc pour les garçons, jupe plissée pour les filles, polos rayés pour les deux – croisent leurs frères et leurs soeurs, herbes folles de trottoir, dépenaillés et hirsutes. Mais tous ces visages d’enfance se peignent du même sourire radieux de l’insouciance.
Ci-dessous, un groupe d’écoliers que j’ai rencontré lors de ma visite du fort de Chittorgarh. Des enfants particulièrement agités devant mon objectif; il a fallu que je me tienne à distance par la suite.
Ci-dessous, d’autres enfants que j’ai rencontré sur la région de Jodhpur. Ils aident leurs parents qui tiennent un petit commerce.
Enfin, ci-dessous, une petite fille rencontrée à Bundi. Malgré ses 5 ans et sa petite taille, son visage semble déjà bien marqué par une vie difficile.
Des enfants très contents d’être photographiés
Le contact
Au début de mon voyage, j’étais très timide lorsqu’il s’agissait d’aborder des gens dans la rue et les photographier. Lors des premiers jours, ce sont les enfants indiens, qui faisaient le premier pas avec moi. Très curieux, ils s’approchaient et posaient souvent la même question : – «Where are you come from ?» – «France». – «Ah France … nice country !» histoire d’engager la conversation. Alors, bien entendu, je regardais autour de moi pour voir si un parent était là, et lui demander la permission avant de commencer les prises de vue. Mais tous acceptaient bien volontiers d’être photographiés et me laissaient le temps de prendre plusieurs clichés.
La prise de vue
Lorsque je pointais mon appareil photo, ou mon camescope, vers tous ces enfants, je n’étais jamais vraiment sûr de leurs réactions et de l’expression que j’allais obtenir. Certains regardaient l’objectif sans sourciller, d’autres prenaient un air faussement timide mais ils maintenaient un contact visuel. Certains étaient plus dégourdis et prenaient une position plus amusante, faisaient même des grimaces. D’autres faisaient tout cela à la fois. Mais jamais aucun enfant ne m’a ignoré !
Ensuite, je prenais quelques instants pour permettre à ces enfants de se regarder à l’écran, situé à l’arrière de l’appareil photo. Le fait de se voir les encourageait à poser pour d’autres photos. Cela les passionnait !
Ci-dessous, deux fillettes rencontrées dans un parc de la ville de Jodhpur, probablement des soeurs. L’une d’elle était plutôt troublée par mon gros reflex. Je déclenche… je montre le résultat …. et Wouahh ! un grand sourire !
La récompense
Pour le dire simplement, en tant que touristes, il nous manque l’expérience et la connaissance nécessaires, pour savoir si notre générosité fait plus de mal que de bien à ces communautés que nous visitons. On a tous lu, çà et là, qu’il ne fallait pas donner d’argent aux enfants, car cela encourage la mendicité et les trafics.
Pour ma part, j’ai fait l’effort de discerner ceux qui avaient vraiment besoin d’un coup de main. En prenant le temps d’observer, de parler, je me faisais assez vite une opinion. Je refusais d’être approché par des gens qui avaient tendance à réclamer ouvertement d’une main tendue. Et les prendre en pitié serait une énorme erreur, selon moi.
Les enfants indiens – que j’ai photographié – venaient facilement vers moi par curiosité, et ils n’attendaient pas forcément quelque chose en retour. Mais les quitter sans un geste de générosité était quand même un cas de conscience ! Alors que devais-je faire …?
- A l’intérieur des sites touristiques, je rencontrais beaucoup de familles issues de la classe moyenne indienne. Leurs enfants n’attendaient rien de moi. Parfois, je leurs laissais prendre une photo et voir le résultat sur l’écran. Voilà comment je remerciais facilement et de façon ludique les enfants qui coopéraient avec moi.
- En ville, j’étais abordé par des enfants dont les parents étaient commerçants. Je leurs achetais donc quelques produits comme des fruits, du thé, pour les redistribuer à d’autres, plus dans le besoin. J’avais au moins le sentiment de faire travailler les artisans et tous ces autres petits métiers de la rue.
- Très rarement, j’ai lâché un billet.
Cet article est désormais terminé. Il vous a certainement permis d’en apprendre un peu plus sur ma manière de photographier les enfants indiens. N’hésitez pas à aimer et partager cet article. Parlez en autour de vous, cela fait toujours plaisir !
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