Jaisalmer – La cité du désert du Thar – #0178

La citadelle de Jaisalmer, l’une des plus grandes du monde, se dresse au sommet de la colline de Trikuta (80m).  Elle s’élève dans le désert du Thar au Rajasthan, comme tout droit sortie d’un rêve. Cette immense forteresse en grès doré du XIIe siècle (1156), aux remparts crénelés et aux tours ondoyantes, offre un spectacle fabuleux au milieu d’un paysage de sable. On peut y admirer des merveilles architecturales. Au Moyen-Age, toute la population vivait à l’intérieur des remparts. La citadelle est de nos jours la seule forteresse encore habitée. Quelques milliers de personnes y vivent.

Jaisalmer, une ville riche de son Histoire

Depuis des siècles, la cité de Jaisalmer est un poste avancé du désert du Thar. Il s’agit d’une étape pour les voyageurs au long cours. La ville fut autrefois un centre marchand très florissant pour les caravaniers conduisant leurs litanies de chameaux sur les pistes du terrible désert du Thar. Au pied de la citadelle se croisaient les trésors du monde : indigo, opium, soieries d’Asie en route vers l’Occident, ivoire d’Afrique, plantes médicinales de Perse, fruits secs venant alimenter les échoppes indiennes.

 

Inde - Jaisalmer - Désert du Thar

Inde - Jaisalmer - Désert du Thar

Inde - Jaisalmer - Désert du Thar

Inde - Jaisalmer - Désert du Thar

Inde - Jaisalmer - Désert du Thar

 

La forteresse fut maintes fois restaurée au gré des campagnes militaires voyant s’affronter les Bhatis, les Moghols venus de Delhi et les Rathores de Jodhpur. Rawal Jaisal, un noble rajput, prit possession des lieux dès le XIIème siècle. Durant les siècles suivants, derrière les murailles de grès doré de leur forteresse, ses descendants essayèrent d’assurer la protection des caravanes contre les pillards qui hantaient le désert. Il faut attendre le XVIème siècle pour que Jaisalmer devienne un endroit plus paisible. Princes et riches marchands rivalisaient alors d’ardeur pour édifier palais et havelis qui, aujourd’hui encore, sont les plus beaux spécimens du travail de la pierre existant au Rajasthan.

En dépit de son histoire tumultueuse, Jaisalmer a prospéré grâce à sa situation sur les routes commerciales allant de l’Inde vers la Perse, l’Arabie, l’Egypte, l’Afrique et l’Europe. Mais avec le développement des ports de Surat et de Bombay (actuellement Mumbay) au XVIIIème siècle, le commerce caravanier déclina. Les édifices de l’âge d’or de Jaisalmer demeurent néanmoins blottis au pied de la citadelle.

 

Jaisalmer, une ville structurée

La société hindoue est un monde strictement hiérarchisé par son système de castes. La disposition de la ville haute en est le reflet. D’un côté, le quartier des nobles rajputs, un ensemble de maisons basses agrémentées de cours, de l’autre celui des brahmanes, la caste la plus haute, celle des prêtres.

Sur l’esplanade centrale, point de rencontre des deux parties de la ville, se dresse le palais, un labyrinthe de salles, de cours et de couloirs, où sont conservés armes, insignes royaux, tenues d’apparat, autant de témoins de huit siècles d’une souveraineté disparue avec l’indépendance de l’Inde en 1947.

Le quartier des brahmanes est un dédale de ruelles étroites, où faute de recul, il faut se tordre le cou pour admirer les façades ouvragées et leurs délicats balcons de grès sculpté en avancée sur la rue. L’endroit regorge de petits coins magnifiquement travaillés à la pierre.

 

Ruelle étroite de Jaisalmer

Ruelle étroite de Jaisalmer

Ruelle étroite de Jaisalmer

 

Et que dire de cette imposante muraille protectrice d’où la vue est imprenable sur la vieille ville en contre bas et le désert à perte de vue. Cette muraille est pourvus de terrasses où étaient disposés des canons prêts à écraser l’envahisseur.

 

Les remparts de Jaisalmer

Vue imprenable depuis la forteresse de Jaisalmer

Vue imprenable depuis la forteresse de Jaisalmer

Vue imprenable depuis la forteresse de Jaisalmer

Vue imprenable depuis la forteresse de Jaisalmer

 

Les temples Jaïns

Dans l’enceinte du fort,  au cœur de la forteresse, se niche un ensemble de sept temples, dont le plus ancien remonte au XVème siècle. Ils appartiennent aux fidèles du jaïnisme, cette dissidence de l’hindouisme apparue au VIème siècle avant notre ère.

 

Inde - Citadelle de Jaisalmer - Temple Jaïn

 

Mais qui sont les jaïns ?

Strictement végétariens afin de préserver toute vie animale, les jaïns s’interdisent même de consommer des légumes poussants sous terre, de craintes de tuer quelques insectes en les arrachant. Certains vont jusqu’à porter un foulard sur la bouche, de peur d’avaler un moustique ou une mouche. Malgré ces contraintes, les jaïns ont toujours occupé une place éminente dans la société indienne.

Les Jaïns vénèrent 24 maîtres spirituels, les tirthankaras. Leurs effigies peuplent les temples de cette secte qui représente moins de 1% de la population indienne. Celle-ci recrute depuis des siècles dans les milieux les plus aisés, riches commerçants ou intellectuels. Cette prospérité les a conduits à choisir pour leurs statues et leurs temples les marbres les plus fins, que les artistes ont sculptés comme de l’ivoire.

 

les jaïns de Jaisalmer

 

 

Chandraprabhu et les autres temples

Les jains ouvrent bien volontiers leurs temples, notamment le Chandraprabhu qui est ouvert aux non-jaïns entre 7h et 13h, et les autres temples entre 11h et 13h. Il faut se déchausser et déposer tout objet en cuir avant de pénétrer dans l’un des temples. Et l’accès est interdit aux femmes ayant leurs menstruations.

Les riches négociants jaïns de Jaisalmer firent édifier ces sept sanctuaires entre le XIIe et le XVe siècle. De taille modeste, ils renferment de très belles sculptures de grès ocre, typique de la région.. Ces temples prennent parfois des allures de marbre tant ils sont finement polis.

Le temple de Parshvanath (23e tirthankar) est le plus ancien et le plus spectaculaire. Il est précédé d’un magnifique torana (arche) sur laquelle vous verrez de magnifiques sculptures représentant des danseuses, des musiciens et des saints jaïns.

Le sous-sol du temple de Sambhavnatha renferme le plus précieux des trésors du lieu, une vénérable bibliothèque qui conserve toute la sagesse de la secte : les plus anciens manuscrits, écrits sur des feuilles de palme et qui remontent au Xème siècle.

 

Une agréable promenade à Jaisalmer

Dans la forteresse

Même si ce joyau est désormais rongé par le mercanti­lisme touristique du village global planétaire, une atmosphère de micro­cosme délicieusement surannée règne encore ici ou là. A l’intérieur des remparts, la forteresse a conservé tout son cachet médiéval. Les voitures y sont bannies. Une bonne nouvelle pour les promeneurs. Les temples finement sculptés et les ruelles étroites invitent à explorer les lieux en se laissant guider par le hasard. J’ai pu y déambuler paisiblement entre pensions modestes et boutiques alignées le long de ruelles si étroites que la méditation d’une vache bloque irrémédiablement tout espoir d’avancer plus loin.

 

Jaisalmer – La cité du désert du Thar

Jaisalmer – La cité du désert du Thar

Jaisalmer – La cité du désert du Thar

Jaisalmer – La cité du désert du Thar

Jaisalmer – La cité du désert du Thar

Jaisalmer – La cité du désert du Thar

 

Des sadhus à Jaisalmer

Des sadhus. Ces hommes ont renoncé à toute vie sociale – et échappé ainsi aux contraintes d’appartenance de caste – pour errer de temple en temple et vivre de la générosité des fidèles.

 

Dans la ville basse

La municipalité de Jaisalmer a également eu la bonne idée d’aménager le cœur de la ville basse en quartier piéton. On peut ainsi y flâner le nez en l’air, pour y admirer les nombreuses façades des havelis, ces riches demeures typiques du Rajasthan.

 

La ville basse de Jaisalmer

 

Salam Singh Haveli

Certaines de ces habitations hébergent toujours des familles, et les petites allées abritent petits commerces et artisans. Plusieurs ouvrent leurs portes aux visiteurs. J’ai eu la chance de visiter la Salam Singh Haveli, construite en 1815. Elle fut la résidence d’un grand vizir qui, au début du XIXème siècle, ambitionnait de prendre la place du souverain. Cette haveli possède six étages qui vont en s’élargissant et dont les 38 loggias ont toutes un ornement différent. Les occupants actuels dévoilent avec plaisir les nombreuses caches secrètes aménagées dans les murs. C’est là que le ministre dissimulait ses trésors. Selon quelques légendes urbaines, il y en aurait d’autres à découvrir, encore pleines d’or et de pierres précieuses. Car l’ambitieux mourut assassiné sans avoir eu le temps de transmettre tous ses secrets.

 

Patwon Ki Haveli

Un moment de grâce

En fin de journée, c’est le moment de prendre de la distance pour admirer les lumières du couchant qui embrasent les murs dorés de la citadelle : le formidable corset de remparts ponctués de 99 bastions semble alors flotter au-dessus du désert, émergeant comme une île sur un océan de dunes.

 

Jaisalmer Rajasthan

Jaisalmer Rajasthan

 

Un fort en danger

Le développement touristique fait peser une menace sur la citadelle. Conçue pour un climat aride, elle ne disposait d’aucun système d’arrivée ou d’écoulement d’eau. Aujourd’hui, avec la montée de la nappe phréatique et la mise en place de canalisation dans le fort, le suintement des eaux provoque par endroit l’effritement du grès.

Certaines organisations indiennes et internationales prennent des mesures pour tenter de sauver ce lieu unique.

 

Les chhattris

Au milieu du désert, à quelques kilomètres de Jaisalmer, un ensemble de kiosques ouvragés, les chhatris – ou cénotaphes – de Bara Bagh marquent l’emplacement du lieu de crémation des maharajas et des membres de la famille royale. Des cénotaphes princiers qui rendent hommage à huit siècles de souveraineté rajpoute.

 

Les chhattris de Jaisalmer

Les chhattris

Les chhattris de Jaisalmer

Les chhattris

Les chhattris

Les chhattris de Jaisalmer

Les chhattris

Les chhattris

Les chhattris

Les chhattris de Jaisalmer

Les chhattris

 

 

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