Ma première grosse expérience dans la photographie de sport – #0066

La 1ère édition du Nord Trail Monts de Flandres  en avril 2018 a été pour moi une très belle expérience dans la photographie de sport.

Y a t-il des sportifs parmi vous ? Moi je ne le suis pas… un peu de vélo, pour entretenir la forme, mais pas plus ! C’est pourquoi, lorsque j’explique cette expérience à mon entourage, ma femme me corrige systématiquement en disant : ” Oh, tu n’as pas couru les 80 kms, tu as juste pris des photos ! ” .

Peut être, mais je peux vous assurer que la photo de sport, c’est vraiment du sport ! que cela demande un minimum de rigueur physique et beaucoup de concentration.

Le Nord Trail Monts de Flandres – 2018

En quelques mots, le Nord Trail, ce sont 3 distances de Trail running au départ et à l’arrivée de Bailleul (59).  25 kms – 42 kms et 80 kms pour les plus motivés. Un événement sportif créé par des passionnés de trail et des amoureux du patrimoine flamand.

3 parcours très exigeants à travers la Flandres, marqués par le franchissement du Mont des Cats, du Mont Noir et du Mont Rouge. Cela ne faisait que monter et descendre.

« Le départ se fait de Bailleul à 6h, le jour se lève sur les monts. Les coureurs prennent la direction de St Jans Cappel pour gravir le mont Noir. Ils traversent la forêt du parc Marguerite Yourcenar pour redescendre vers les étangs. Direction les champs de houblon pour aller vers Boeschepe et son magnifique moulin. (le premier ravitaillement).

Puis, ils remontent vers le mont des Cats, à travers les chemins (d’Est en Ouest). Les kilomètres défilent et le dénivelé aussi. Très peu de plat. C’est de la relance, tout le temps.

Ils quittent le mont des Cats pour se diriger vers Eecke et son magnifique Klokuis (retable / église) ou les attend le deuxième ravitaillement au 37ème kilomètre.

De retour sur Flètre et en bordure du mont des Cats, ils prennent la direction du mont Noir avec une longue montée de plus de 2 km.  Le ravitaillement approche. Après un contournement du mont, ils sont désormais en Belgique, pour fouler les marches mythiques de la forêt du mont Rouge, ses mares, ses bosquets…  ça monte et ça descend !!

Ils passent désormais du côté Est du mont et courent au beau milieu des champs de vignes. Le paysage est magnifique. Il leurs est conseillé de lever les yeux le plus souvent possible. Il est temps désormais de redescendre vers Bailleul pour terminer leur périple !! »

Philippe Lefebvre – organisateur du Nord Trail Monts de Flandres.

Mon retour d’expérience

Je suis un Photographe de familles avant tout, mais je suis toujours à l’affût de nouvelles rencontres, de nouvelles opportunités et de nouveaux défis. Je cherche à élargir ma zone de confort. Je collabore à certains événements – culturels, associatifs, etc – , et je développe des projets que je n’aurais jamais envisagés auparavant.

Et lorsqu’on m’a proposé de couvrir la 1ère édition du Nord Trail Monts de Flandres, je ne pouvais refuser.

Bien se préparer

La couverture photo d’un tel événement commence par la reconnaissance du parcours durant les quelques jours qui précèdent. On découvre les lieux, on repère les endroits intéressants, les franchissements d’obstacles, la beauté du paysage, de l’arrière-plan. On prend des notes.

Il m’a fallu également estimer les temps de passage des coureurs, afin d’être au bon endroit au bon moment. Estimer également mes temps de déplacements en voiture d’un point A à un autre point B.

Arpenter un immense terrain de jeux

3 distances. Un départ du 80 kms à 6h00 du matin, puis le 42 kms à 9h00 et enfin le 25 kms à 10h00. Un vaste territoire à couvrir.

Même si nous étions 4 photographes – partenaires officiels -, il me semblait difficile d’être partout à la fois. Ma hantise étant alors de ne pas être au bon endroit au bon moment. S’il y a un domaine où il est difficile de ne pas être physiquement actif, c’est bien la photographie de sport.

J’avais donc prévu de me déplacer en voiture sur différents repères tout au long du parcours. Oh bien entendu, il n’était pas question pour moi de me précipiter bêtement d’un lieu au suivant; mais généralement, il faut savoir bouger, afin de trouver les bons angles et produire un reportage photo moins insipide…

Ce jour-là, il faisait très chaud, près de 30°c en plein soleil. Un peu plus frais à l’ombre. Il fallait être en bonne condition physique pour porter le matériel, certes dans un sac Lowepro 400, mais quand même. Plusieurs kilos sur les épaules, une certaine distance à parcourir parfois depuis la voiture jusqu’à l’itinéraire parcouru par les coureurs. Et si cela montait et descendait pour ces derniers, c’était exactement la même chose pour moi.

Bref, la photographie de sport nécessite parfois une débauche d’énergie de la part du photographe, pour suivre la compétition. Quoiqu’en pense ma femme ! Surtout quand cela dure toute la journée, sous une chaleur de 25 à 30°c. Absorbé par la compétition, on peut également se déshydrater bêtement si on n’est pas un minimum vigilant. Sans parler du soleil qui gène la prise de vue et la visualisation des photos et ça c’est vraiment pas simple à gérer.

Obtenir de belles photos

Qu’est-ce qu’une belle photo ? Qu’elle soit insolite ou émotionnelle, la photographie de sport doit marquer le public, fasciner les gens. Il était important pour moi de ramener des images de coureurs qui grimacent, qui sont marqués par l’effort. Exit le cliché du coureur tout sourire, et les pouces vers le haut ! comme on le voit bien trop souvent…

Malheureusement, mon positionnement en début de parcours ne me permettait pas d’obtenir facilement les clichés que je recherchais. Dès qu’ils m’apercevaient, un large sourire se dessinait sur la tête des coureurs, les bras en l’air, les pouces tournés vers le haut. Un reflex humain, certes, mais qui ne correspondait ni aux attentes de l’organisateur, ni aux miennes.

C’est pourquoi j’ai très vite pris la décision de me placer au kilomètre 65, en haut des marches mythiques du mont Rouge. Et je ne regrette pas ce choix, pour y avoir passé le reste de la journée.

• Après une telle distance, et peu importe son expérience, un coureur de trail grimace. Fini les pouces en l’air …
• En bas des marches, certains coureurs avaient un regard vide, à la vue des 53 marches à franchir. Certaines hautes d’une trentaine de centimètres.

Quelque soit la compétition, les médias s’intéressent principalement aux premiers du classement (80kms parcourus en 6h40mn), ainsi qu’aux derniers (80kms parcourus en 14h55mn), mais rarement à tous les autres, ceux du milieu.

Lorsque les coureurs arrivaient en bas des marches, ils marquaient un petit temps d’arrêt. Je les ai accueillis avec des bravos, des applaudissements et encouragements. Très appréciés. Puis je prenais des clichés pour les immortaliser dans la montée.

Pour conclure

La photographie de sport est particulièrement exigeante et éprouvante, à la fois pour l’homme, mais aussi pour son matériel photo. Il faut faire preuve d’attention. Il faut être bon dans l’instant, que ce soit pour ne pas louper un moment à photographier, ou pour ne pas gêner de par sa présence. Cela n’est pas si simple et à la portée de n’importe qui.

Lorsque je pars sur un reportage mariage, je me mets une certaine pression du résultat. Mais avec l’expérience accumulée depuis quelques années, je sais que je vais forcément revenir avec des clichés sympas.

Or là, je vous avoue que sur ce projet, j’avais vraiment peur de revenir les mains vides… Certes, il s’agissait d’une 1ère édition, mais la barre d’exigences était placée très haut – du high level – par les organisateurs. Mais ce fut que du plaisir !

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