Mon expérience dans la photographie de concert – #0050

La photographie de concert est un exercice périlleux, mais tellement formateur. En effet, la spontanéité des concerts, les artistes qui improvisent et bougent d’un bout à l’autre de la scène, les faibles conditions de lumière… tout cela rend cette expérience photographique très ardue, nécessitant beaucoup de réactivité et une connaissance parfaite du matériel photo.

Depuis 2009, j’ai eu la chance de couvrir la captation photo et vidéo de plusieurs concerts et spectacles. Notamment grâce à mes amis du MS Big Band. Cet expérience est pour moi l’occasion de découvrir les coulisses d’un concert, et de réaliser mes premiers clichés. A posteriori ces images peuvent également servir d’illustrations pour tout type de communication du MS.

 

Les accréditations

Autant commencer par le début. Il ne vous aura pas échappé qu’à l’entrée des salles de concert, un charmant vigile – grand monsieur impressionnant – vérifie que vous n’avez pas ramené avec vous de l’alcool, une bombe, un pistolet ou encore… un gros appareil photo. Les smartphones ne sont pas censés être autorisés, mais il est de nos jours devenus totalement illusoire d’empêcher de mauvaises photos et vidéos de circuler sur les réseaux sociaux.

En ce qui me concerne, c’est en suivant le MS Big Band que j’ai obtenu mes premières accréditations. Tous ensembles, nous avons immortalisé en vidéos divers spectacles : le « Night and Cabaret » – spectacles joués à guichet fermé dans plusieurs villes de notre région -, deux prestations Jazz au Petit Journal Montparnasse à Paris, et puis la soirée The Voice avec Stacey King

Nous serons également sollicités pour une première partie d’un concert d’Hélène Segara. Par la suite, une reconnaissance d’un travail amateur, mais sérieux, me permettra d’être accrédité pour d’autres concerts. C’est ainsi que j’ai pu photographier Natasha Saint Pierre, Tina Arena, Superbus ainsi que TAL entre autres…

 

Les règles que je m’impose

 

Respecter les autres

Je n’oublie jamais de respecter le public et les artistes évidemment. La plupart des gens autour de moi ont certainement payé leurs places pour profiter du spectacle. Même lors d’un événement gratuit, les personnes ont probablement attendues pendant des heures pour profiter des premiers rangs. J’ai toujours eu du mal à m’intercaler ou à placer des caméras (avec trépieds) entre le public et la scène.

Lors du concert de TAL, la scène était très haute. La prise de vue depuis la fosse était impossible, trop en contre-plongée. Il a fallu que je prenne un peu de recul, au milieu de la foule compacte des premiers rangs, et que j’utilise alors mon gros Nikkor 70-200. En restant courtois et en demandant aux personnes de se pousser le temps de quelques photos, j’obtiens assez facilement la possibilité de me frayer un chemin. Pour les personnes les plus récalcitrantes à me laisser passer, j’obtiens le champ libre pendant quelques minutes, en leurs promettant l’envoi par email d’une photo de la star que j’aurais obtenue depuis leur position. Ça marche !

 

TAL en concert à BarlinTAL en concert à BarlinTAL en concert à BarlinLa chanteuse TALLa chanteuse TALTAL en concert à BarlinTAL en concert à BarlinLa chanteuse TALLa chanteuse TALTAL en concert à BarlinLa chanteuse TALTAL en concert à BarlinTAL en concert à Barlin

 

Le respect concerne également les personnels chargés de la sécurité. Dire bonjour à tout le monde, être sympa. Respecter les consignes qu’ils imposent. On n’est pas là pour faire le show, mais juste pour l’immortaliser.

Cela me rappelle une expérience incroyable lors d’un concert de Tina Arena. Comme à chaque prestation, j’étais dans les coulisses, à l’arrière de la scène. Là où tout le monde s’agite, Tina était dans sa loge en train de se préparer. J’ai absolument respecté toutes les consignes imposées par son agent. Je suis resté tranquillement assis dans un coin, à peaufiner les réglages de mon équipement. Je n’ai absolument pas cherché à jouer au paparazzi.

Lors du concert, ma bienveillance a été récompensée. J’avais du mal à bien me positionner pour obtenir de belles images. Un personnel de la sécurité m’a alors permis de monter sur scène. Hormis la chanteuse Tina Arena et ses musiciens, ainsi que le caméraman pour la retransmission sur les écrans géants, j’étais la seule personne présente sur scène durant l’intégralité du concert et le seul donc à obtenir les clichés ci-dessous.

 

Concert Tina Arena BarlinConcert Tina Arena BarlinConcert Tina Arena BarlinConcert Tina Arena BarlinConcert Tina Arena BarlinConcert Tina Arena BarlinConcert Tina Arena BarlinConcert Tina Arena BarlinConcert Tina Arena Barlinphotographie de concert - Tina Arena Barlinphotographie de concert - Concert Tina Arena Barlinphotographie de concert - Concert Tina Arena BarlinConcert Tina Arena BarlinConcert Tina Arena BarlinConcert Tina Arena Barlinphotographie de concert - Concert Tina Arena Barlin

 

Pas de flash

Tout simplement parce que le flash ne sert à rien.

Mon coup de gueule : Lorsque je suis à un concert, je remarque partout autour de moi des flashs qui crépitent parmi le public. Pourtant, je peux vous garantir à 100% que le résultat obtenu est médiocre.

La puissance d’un flash chute très rapidement (c’est la loi du carré inverse). Retenez simplement que la portée moyenne d’un flash intégré à votre appareil photo est d’environ 3.5m, voire 4m maxi. Tandis que la portée moyenne d’un flash cobra est de 9m. Sur les smartphones, la qualité du flash est tellement médiocre que je préfère ne pas en parler.

Je comprends que les gens soient dans l’obscurité -lors d’un concert-. Mais comment peuvent-ils croire à ce point qu’un minuscule flash ridicule puisse rivaliser avec l’éclairage de la scène ? A part occasionner une gêne auprès des autres spectateurs aux alentours, je ne comprends pas l’obstination qu’ont les gens à toujours vouloir utiliser un flash pour prendre des photos dans une salle de concert.

 

La photographie de concert, un exercice périlleux

J’écrivais en introduction à cet article que la photographie de concert – également la vidéo – était un exercice très difficile, mais formateur. Une fois sur scène, le reflex en main, on s’aperçoit rapidement de l’existence de contraintes fortes. Et je vais vous expliquer pourquoi.

 

La réactivité

Tout au long d’un concert, il faut être très réactif. A la fois pour déterminer le lieu où on va disposer son matériel pour la captation. Mais également savoir où se placer correctement pour obtenir de belles images.

 

Un temps de préparation très court

Contrairement à la photographie de paysage, il ne m’est pas possible de repérer la scène en amont, venir et revenir autant de fois que je le souhaite pour capturer la bonne lumière, à la bonne heure, dans les meilleures conditions. Je découvre souvent la scène quelques minutes avant le début de la prestation. Lors d’une captation vidéo, je dispose de quelques instants pour placer toutes mes caméras au bon endroit. Et il faut se contenter des conditions que l’on trouve sur place, et s’y adapter…

 

Pendant le concert

La photographie de concert consiste à immortaliser quelques moments d’une prestation de quelques heures, voire quelques minutes. Les artistes et leurs danseurs bougent énormément. Les musiciens se font également plaisir sur scène en exploitant leur espace de jeu (hormis le batteur et le synthé bien sûr !) Combiné avec un faible éclairage, il est impossible de travailler en vitesse lente.

La scène peut être plongée dans la pénombre pendant quelques instants, je dois alors attendre que les spots éclairent la scène pour déclencher, pendant une fenêtre qui peut durer seulement 2 – 3 secondes. Cette partie importante du spectacle peut parfois être difficile à appréhender.

 

photographie de concert - Marina Kaye
Marina Kaye

 

A propos de la lumière

Contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, il n’y a presque pas de lumière sur scène. Vous n’avez pas idée à quel point c’est sombre. La lumière des projecteurs est très brève. Elle est constamment changeante. Des spots très colorés, et soudain des effets stroboscopiques… La lumière se déplace constamment. Elle est à la fois partout et nulle part.

 

Attention à l’environnement

Sur scène, il y a des tonnes d’éléments gênants partout : des pieds de micros, des caissons, des enceintes, des câbles… Tout cela rend difficile tous les déplacements sur scène. Certes, dans la pénombre, je suis plutôt discret lors de mes déplacements… mais je ne suis pas à l’abri de me prendre les pieds dans un câble, qui entraînera la chute d’un projecteur sur la tête d’un musicien… Mais cela ne m’est jamais arrivé !

Il faut également faire attention à ne pas intégrer ces éléments gênant dans l’image, afin que l’attention ne soit pas trop détournée du sujet – donc soigner la composition -.

Bref pour réussir ses images de concerts, il faut être rapide, savoir composer, anticiper les déplacements des artistes, avoir un minimum de connaissances de la discipline, un peu d’application… et pas mal de chance.

 

Comment je m’en sors ?

Avec toutes ces contraintes que m’impose la photographie de concert, comment je fais pour m’en sortir ?

 

Mon matériel

Commençons par-là : et je suis désolé si j’utilise un jargon photographique que vous ne connaissez pas bien.

Vu le manque de lumière, je dispose d’un équipement photo relativement à l’aise dans ces conditions. Des boîtiers plein format qui montent très bien dans les hautes sensibilités ISO, sans trop produire de bruit numérique. Je travaille également ma prise de vue avec des zooms puissants, des optiques très lumineuses, stabilisées VR et à ouverture constante f/2.8

Je sais bien que le matériel du photographe de concert doit être simple, pratique et peu encombrant. Pour la photo uniquement, je me déplace léger. Mais lorsque je filme un concert les copains du MS, j’emporte toujours une tonne de matériel vidéo. Des camescopes (et donc les batteries et les cartes SD nécessaire pour couvrir 2h de spectacle), des filtres, des trépieds… et même des casse-croûtes. J’ai souvent peur d’avoir oublié quelques choses. Et pendant le concert, j’ai peur d’égarer du matériel tellement j’en ai placé aux quatre coins de la scène.

 

Mes réglages

Je connais parfaitement les réglages de mon équipement photo et vidéo, ainsi que les règles de base en photo. Ainsi, je suis très réactif face aux conditions difficiles que je suis amené à rencontrer.

La mesure d’exposition « spot » me permet d’assurer certains clichés,  en concentrant la mesure sur le sujet, très utile en cas de fort contraste.

Et surtout, je photographie en NEF (le format RAW de Nikon). Il m’est alors possible de rattraper certaines photos parfois limites dans ces conditions de prise de vues, grâce aux outils de traitement tel que Lightroom ou Photoshop.

De nombreux éclairages ont une dominante de rouge, que les capteurs des appareils photos n’apprécient pas du tout. Dans ce cas, je convertie la photo en noir et blanc lors du post-traitement, et j’augmente le contraste. On obtient d’excellents clichés en noir et blanc, alors qu’ils étaient plutôt décevants en couleur.

 

Mes déplacements – mes compositions

A chaque fois qu’il m’est possible de le faire, je n’hésite pas à me déplacer afin de varier les points de vue. Je fais des plans d’ensemble. J’essaie de mixer des photos de groupes et portraits de musiciens, afin d’avoir une vision globale du live.

Je n’oublie pas d’agrémenter mes photos par  des portraits de scène des artistes et des vues de détails. Une partition, ou un gros plan sur les instruments… Tous ces petits détails, s’ils sont photographiés de manière intelligente, permettront de compléter la vision que j’ai eu du concert.

Un conseil : Ne jamais faire la photo que tout le monde fait. Se différencier.

 

Mes ruses

La mitraillette.

Plus que jamais la photo numérique est un allié en photographie de concert. Je déclenche très souvent en mode rafale – jusqu’à 8 photos par seconde -. Cela optimise les chances d’avoir une photo bien nette. Parce qu’un artiste qui bouge, un bassiste qui s’envole ou un batteur qui jongle, c’est autant de raisons de louper une photo… ou de la réussir formidablement bien, parfois sans même l’avoir fait exprès. Et puis, il y a la proximité avec les enceintes, les basses, les vibrations qui en résultent et peuvent accentuer le flou de bougé lors de la prise de vue.

Profiter de l’entre-deux.

J’appelle ainsi le moment très bref où l’artiste achève une chanson et avant qu’il n’enchaîne avec le titre suivant. Il est quasiment immobile, éventuellement il s’adresse au public. La lumière est alors plus présente. C’est l’occasion d’immortaliser quelques clichés sous de meilleures conditions.

Capter le regard.

Comment capter le regard de l’artiste ?

  • Tout simplement en s’installant à côté d’une fan en délire qui a bricolé une pancarte de 5 mètres pour que son idole la regarde.
  • Ou crier son nom. On a l’air con, mais ça marche parfois !

 

Cet article est désormais terminé. Il vous a certainement permis d’en apprendre un peu plus sur mon expérience dans la photographie de concert. N’hésitez pas à aimer et partager cet article.  Parlez en autour de vous, cela fait toujours plaisir !

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