La photographie de rue constitue sans doute l’une des premières formes de photographie. Avec l’essor du numérique et des réseaux sociaux, elle est de plus en plus pratiquée depuis quelques années, essentiellement en milieu urbain, bien entendu. C’est une pratique photographique pleine de vie dans laquelle on saisit des rencontres, des instants et des scènes de la vraie vie. Cela suppose de capter l’instant décisif qui va raconter l’histoire en une image. Mais alors, bien que la photo de rue soit traditionnellement prise sur le vif, il est pourtant possible de créer des portraits posés vivants et intéressants en y intégrant des thématiques et des éléments du décor.
La vrai personnalité d’être pris sur le vif
Je tiens à faire la différence entre mes portraits et le tirage de simples instantanées. En France, les gens ont l’habitude de faire des photos de classes et d’être photographiés par leurs amis, et ont tendance à prendre la pose. Mais pour moi, ce genre de photo ne reflète pas leur vrai personnalité, et ne montre pas qui ils sont vraiment.
Ce que nous apprend la photo de rue
- La composition est essentielle. Aussi “photogénique” soit le sujet, aussi rapide ou hasardeuse soit la situation, c’est le photographe qui doit composer une image lisible.
- Le point de vue est décisif. Une bonne composition est dictée par l’agencement des plans, qui découle du point de vue. Il faut donc savoir observer, se placer, anticiper le cadre, tout en restant discret.
- La focale fixe est un atout. Utiliser une focale fixe est la meilleure façon de visualiser mentalement son cadre, puisque celui-ci se retrouve lié à la distance avec le sujet. Cela oblige à se déplacer plus, mais permet de gagner en réactivité et en rigueur.
- L’éditing est une phase cruciale. Observer ses images en essayant d’oublier la gageure de la prise de vue et en ne retenant que la qualité de la composition est la clé d’une bonne sélection et d’une progression rapide.
D’autres conseils pour progresser
- Trouver la distance idéale. S’exercer dans des événements type manifestation pour connaître la distance limite. Photographier les gens d’aussi près n’est pas à la portée de tous les photographes. Et si l’on est culotté, pourquoi ne pas tenter le flash, qui donne un cachet studio irréel aux images.
- Passer en mode furtif. Rester très concentré, repérer les sujets à bonne distance, afin d’anticiper l’approche, le point de vue, et l’arrière- plan. Et ne dégainer son appareil qu’au dernier moment.
- Varier les angles. Créer des images très différentes par le jeu du cadrage, rarement droit et centré, et de l’arrière-plan, toujours signifiant.
- Rester discret sur toute la ligne. Préférer ne pas attirer l’attention au moment de la capture. Photographier sans viser, à bout de bras ou avec un déclencheur souple ou une télécommande. Opter pour un appareil silencieux et oublier le flash.
- Débusquez les arrière-plans : Repérer les éléments colorés, susceptibles de constituer un décor : murs, peintures murales, affiches, voitures, boutiques… et les interactions avec les vêtements des passants.
- Jouer sur les contrastes et les aplats. Si la lumière est dure, avec des ombres portées bien tranchées, composer l’image en aplats saturés sur fond noir. Pour cela, il suffit d’exposer toujours pour les hautes lumières.
- Ne pas négliger la composition. Les jeux de couleurs peuvent conduire à une certaine facilité, un écueil qu’il est important d’éviter, en veillant toujours à la composition. Jouer autant sur la géométrie des lignes et des ombres que sur l’agencement de différents plans, qui s’emboîtent parfaitement.
- Les lumières rasantes sont les plus intéressantes. En début ou en fin de journée, lorsque le soleil est bas. La direction de la lumière offre alors de nombreuses opportunités (contrastes, ombres, reflets, brumes) qu’il faut apprendre à lire et à interpréter.
La photo de rue pour les timides
- Même les photographes timides peuvent parfaitement faire de la photographie de rue : douces et pudiques. Pas besoin, donc, d’être intrusif pour faire des images fortes. Qu’elles soient posées ou prises sur le vif, c’est l’attitude du photographe qui transparaîtra dans le style des images.
- Ce n’est pas la peine non plus d’en rajouter. La rue est une scène qui se révèle à ceux qui savent observer. On peut faire des images très intéressantes, sans chercher les effets de style ou de lumière. Mais ces cadrages a priori neutres, exigent néanmoins une grande rigueur de composition.
- Le décor joue également un rôle important : il raconte une histoire. Les photos de rue rendent alors compte d’une certaine réalité.
Une part de Chance
La chance est une précieuse alliée, qui place parfois l’élément décisif au bon endroit et au bon moment, l’espace d’un instant, figé par le déclencheur. L’image n’étant jamais recadrée, il n’y a donc aucun droit à l’erreur dans cet exercice du tir photographique où la rapidité et la précision doivent s’accorder dans un même élan quasi subliminal.
Citations
La composition doit être une de nos préoccupations, mais au moment de photographier elle ne peut être qu'intuitive.
Henri Cartier Bresson
Je prends les gens de si près qu'ils cherchent ensuite derrière eux ce que j'ai bien pu photographier.
Bruce Gilden
La seule façon pour moi d'aborder un lieu, c'est de marcher, et d'observer sans relâche, puis d'attendre que l'inattendu, l'inespéré surgisse du coin de la rue.
Alex Webb
Le matériel et le réglage nécessaire
Pour cette pratique, n’importe quel type d’appareil peut convenir. Sauf si l’on recherche avant tout la discrétion. Auquel cas un matériel léger et passe-partout est plutôt conseillé. Traditionnellement, on utilise un 35mm (sur un capteur 24x36mm). Mais cela dépend avant tout de l’approche :
- pour travailler de loin et discrètement, un téléobjectif est nécessaire.
- pour se rapprocher du sujet, un grand angle fera mieux l’affaire.
Concernant les réglages, les vitesses rapides et un diaphragme bien fermé sont conseillés, pour être certain d’avoir un maximum de netteté sur le sujet.
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