La bienséance en photographie – #0033

La bienséance en photographie. Que vous soyez en voyage dans un pays lointain ou en train de photographier un événement local, il n’existe aucune règle absolue valable partout, en dehors de celles qu’imposent le droit et les autorités locales. Il appartient donc à chacun de juger ce qu’il est possible ou non de photographier.

Dans cet article consacré notamment à la photo de voyage – #lpdv – je vais maintenant aborder la notion de respect et d’obligation lorsqu’on pratique la photographie.

 

Le droit à l’image

Et mon droit à l’image alors ? “. Vous avez sûrement déjà entendu cette phrase, lancée ou non sur le ton de l’humour. Vous l’avez peut-être vous-même déjà prononcée à une personne qui prenait des photos lors d’un événement.

Sachez que rien n’interdit de photographier qui que ce soit, peut importe que la photo soit prise dans un domaine privé ou dans un espace public.  Le droit à l’image est une disposition juridique qui permet de protéger les gens, non pas des photographies, mais de son usage, notamment la publication.

  • Rien ne vous empêche de prendre en  photo quelqu’un dans la rue,
  • et selon le même principe, rien n’empêche quelqu’un de vous prendre en photo dans la rue.

Là où vous êtes susceptible d’écoper d’un procès pour droit à l’image, c’est lorsque vous diffusez la photo publiquement. Et encore… la personne qui attaque devra prouver qu’elle peut légitimement invoqué le droit à l’image, et que la photo publiée lui porte un préjudice.

 

Le respect de la personne

L’autorisation de photographier

Même si vous avez la loi de votre côté, il est toutefois important de demander l’autorisation de photographier. Tout d’abord par respect et politesse. Et puis cela peut vous empêcher d’avoir des ennuis par la suite. Vous ne savez pas comment peut réagir la personne face à vous. Elle peut très bien devenir violente à votre égard. Enfin, cette personne peut s’avérer être une rencontre très intéressante. Lui demander une autorisation peut éventuellement déboucher sur d’autres opportunités et obtenir des clichés encore plus forts. Donc, pensez à aller vers les autres !

Bien entendu, vous n’allez pas demander l’autorisation à toutes les personnes que vous allez photographier dans la rue. Un peu de bon sens ! C’est une question de feeling.

 

Je n’ai pas l’autorisation de photographier

Vous avez aborder la personne que vous souhaitiez photographier. Elle refuse. Faut-il s’éloigner de quelques pas, attendre un peu… et la photographier à son insu ?

La question à se poser est plutôt : est-ce que cela vaut le coup de prendre le risque de photographier ?  Vous ne connaissez pas les réactions possibles de la personne. Alors pourquoi prendre le risque de s’attirer les foudres de cette dernière ? Le sujet est-il vraiment nécessaire ?

 

En voyage

  • Avant toute chose, et bien avant votre arrivée sur votre lieu de vacances, il est prudent de s’informer sur les habitudes locales, pour éviter toute maladresse ou quiproquo. Par exemple, en Asie du Sud-Est, il est préférable d’éviter de caresser le sommet de la tête d’un enfant. En effet, ce geste d’affection dans notre culture occidentale est souvent perçu comme malveillant par certaines religions qui y voient un acte destiné à voler l’âme d’un enfant !
  • Ensuite, dans la mesure des aptitudes de chacun, il est utile de réviser sa pratique de l’anglais. Même dans les régions les plus reculées du monde, il n’est pas rare de rencontrer une personne parlant la langue de Elton John. Dans le même ordre d’idée, apprendre quelques mots essentiels ou des formules de politesse dans leur propre langue constitue un atout pour lier contact. Cela permet de faire comprendre aux gens que l’on s’intéresse non seulement aux sites remarquables le leur pays, mais aussi à leur culture.
  • Enfin, quelque soit le lieu où vous êtes, il est nécessaire de distinguer les activités destinés aux touristes, que l’on peut photographier aisément, et le quotidien des habitants.

 

Je ne comprends pas pourquoi certaines personnes munies d’appareils photo pensent qu’elles peuvent transgresser les règles de politesse de base. Cela est particulièrement vrai dans les pays en développement. Ne pas parler la langue n’est pas une excuse. Mettre son appareil sous le nez de quelqu’un sans demander la permission de photographier est impoli et insultant. Et ce n’est pas parce que personne ne s’y oppose que c’est légitime. C’est tout simplement que ces personnes sont juste considérablement plus polies que celle qui tient l’appareil photo.

Je sais que je tiens là un ton moralisateur, mais je suis très fréquemment témoin de ce genre d’attitude. Lorsque j’étais en Inde, j’ai moi-même parfois été tenté de capturer ce que je croyais être une scène de vie. Il s’agissait plutôt d’un acte de voyeurisme devant certaines misères. La mise au point était pourtant faite, il ne restait plus qu’à déclencher. Mais j’étais incapable de prendre la photo. Je souhaitais que la prise de vue soit une expérience agréable pour le sujet comme pour moi.

 

" Traiter autrui comme on souhaiterait être traité "

 

J’ai donc immortalisé beaucoup de portraits d’indiens, uniquement après l’obtention de leur accord – un simple geste de la main ou de la tête suffit dans la plupart des cas pour se comprendre -. Les gens m’ont souvent demandé de leur envoyer la photo. Je prenais alors leurs coordonnées.

Conseil n°1. Si vous prenez leurs noms et adresses en promettant de le faire, ne manquez à votre parole. En les décevant, vous faites retomber la faute sur le prochain voyageur et ternissez la réputation des touristes (et des photographes). Parce que de retour chez vous, l’envoi d’une douzaine de photos à autant d’étrangers se révèlera beaucoup moins amusant que vous ne le pensiez en recueillant toutes ces coordonnées.

Autre conseil, si vous voyagez en groupe. Après avoir innocemment accepté de poser pour vous, la personne peut se retrouver assaillie par le groupe de touristes qui vous accompagnent. A moins qu’il ne s’agisse d’une célébrité, ou de quelqu’un qui pose contre rémunération (si, si, cela existe), cette situation peut s’avérer perturbante. Pour éviter de transformer votre sujet en bête de foire, éloignez-vous de votre groupe quelques instants, et allez à la rencontre des gens. Vous serez alors récompensé de votre initiative par une collection de photos uniques.

 

Dans notre quotidien

Dans les pays dit occidentaux, il est plus difficile de photographier les gens dans la rue. Nous vivons dans une société plus procédurière. Cette pratique, dans le cadre de la photo de rue, fera l’objet prochainement d’un autre article beaucoup plus complet.

Un minimum de bon sens : abordez les gens avec courtoisie et respect. N’insistez pas en cas de refus. Si la personne accepte et possède un e-mail, vous pouvez lui adresser la photo, pour la remercier. N’oubliez pas de lui faire signer une décharge, afin d’obtenir les droits sur la photo.

 

A propos de la photographie de personnes inconnues, je vous invite également à lire cet article :  Aborder des inconnus – #0039

 

Le respect des lieux

Surtout lorsqu’il s’agit de cérémonies ou édifices religieux, il est presque possible de tout photographier, à condition de procéder avec respect et sensibilité. Il est tout à fait possible de prendre des images magnifiques et de vivre une expérience gratifiante tout en se montrant respectueux.

Rares sont les lieux où les photographies sont interdites, surtout lorsqu’elles sont destinées à un usage personnel. La bienséance en photographie nous oblige néanmoins à respecter les restrictions culturelles ou les sensibilités locales. Si un panneau indique “photo interdite”, respectez-le. Cela ne nous empêche pas de demander la permission : posée courtoisement, la question permet souvent de contourner la règle.

A éviter : Le trépied est le meilleur moyen d’attirer l’attention et de susciter la nervosité du personnel de sécurité. Les grands centres commerciaux modernes et les lieux de divertissements sont souvent très sensibles.

 

L’exemple à ne pas suivre… mais je l’ai fait !

Les deux photos ci-dessous ont été prise à Jaipur, capitale du Rajasthan. Je visitais le City Palace. Le lieu est toujours pour moitié la résidence de la famille royale, l’autre partie constitue le musée.

Je n’ai plus le nom de cette salle en tête. Mais je me souviens qu’elle a accueillie de haut dignitaires internationaux, notamment la reine d’Angleterre. Elle ne sert que lors de grandes cérémonies protocolaires. Il était interdit de la prendre en photo, sous peine d’une très forte amende, et jours de prison.

J’ai mis mon appareil photo en bandoulière autour du cou. Je l’ai mis en route. Et j’ai pris quelques photos en aveugle. Sans regarder à travers l’oeilleton, juste en pressant discrètement le déclencheur et sans faire de bruit. Désolé pour le cadrage. L’appareil n’était pas bien droit. – mais cela, c’est à cause du ventre … –

 

Le City Palace de Jaïpur

Le City Palace de Jaïpur

 

En conclusion, voyagez en étant responsable

 

Je profite de cet article pour aborder quelques points importants qui feront de vous un touriste responsable.

  • Protéger la nature,
  • Contribuer à préserver l’histoire et la culture des pays visités, tout en faisant connaissance avec la population.

Autant d’occasions qui vous permettront d’enrichir votre séjour en devenant un voyageur responsable !

 

Petit résumé – mémo pour les voyageurs avertis :

  • Votre présence a toujours une incidence sur les sites que vous visitez. Ne l’oubliez pas !
  • Tout au long de votre voyage, respectez les us et coutumes locaux.
  • N’hésitez pas à engager la conversation avec la population locale; c’est l’idéal pour en apprendre davantage sur les spécificités du pays. Attention, toutefois : évitez d’être trop intrusif !
  • Côté argent, privilégiez les commerces, restaurants, auberges et voyagistes soucieux du développement du pays. N’hésitez pas non plus à encourager les initiatives qui tendent à mettre en valeur les spécificités culturelles du lieu visité.

Aujourd’hui, voyager de manière responsable, c’est donner tout son sens à l’écotourisme, un tourisme qui soutient et met en valeur le caractère géographique d’un site – son environnement, sa culture, sa beauté, son héritage et le bien-être de ses habitants.

 

 

Cet article est désormais terminé. Il vous a certainement permis d’en apprendre un peu plus sur la bienséance en photographie. N’hésitez pas à aimer, commenter, partager cet article.  Parlez en autour de vous, cela fait toujours plaisir !

 

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